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Réduction des produits phytos : les perspectives du réseau Dephy

Ingénieurs du réseau Dephy Ferme et expérimentateurs du réseau Dephy Expé en plein échange.PHOTO : ASTREDHOR

Une quinzaine d'ingénieurs de l'institut technique de l'horticulture Astredhor, soit environ huit équivalents temps plein, accompagnent les professionnels engagés dans le réseau Dephy. Ils recherchent de nouvelles solutions dans l'objectif de réduire de 50 % l'utilisation des produits phytopharmaceutiques à partir de 2025, comme indiqué dans le plan Ecophyto.

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Le réseau Dephy, initié par le ministère de l'Agriculture en 2009, est une action majeure du plan Ecophyto qui vise à réduire de 50 % l'utilisation de produits phytopharmaceutiques en France à l'horizon 2025, tout en maintenant une agriculture performante. À ce titre, Astredhor et ses unités régionales se sont fortement investis dans ce programme pour la filière horticole, tant sur le volet réseau d'entreprises pilotes pour améliorer et faire connaître les bonnes pratiques (Dephy Ferme), que sur le volet recherche de nouvelles solutions et expérimentations (Dephy Expé).

1. UN POTENTIEL À FAIRE CONNAÎTRE AU SEIN DE LA FILIÈRE

Depuis la création de Dephy, la filière horticole est restée très timide dans son engagement : les entreprises horticoles ne représentent ainsi que 3 % de l'effectif (1) engagé dans Dephy Ferme en 2017 (plus de 3 000 entreprises agricoles). Sur le volet expérimentation, seuls 4 réseaux (2) sur les 41 que compte Dephy Expé, soit environ 40 entreprises (plantes en pot, pépinière et fleurs coupées), ont participé à la première phase du programme. Cet engagement reste faible par rapport aux autres filières agricoles (grandes cultures, maraîchage...). Pourquoi la filière horticole n'a-t-elle pas encore su saisir cette opportunité ? La diminution de 50 % de l'IFT (Indice de fréquence de traitement) présentée à tort dans un premier temps comme seul objectif des Dephy Ferme n'a certes pas été très engageant pour les entreprises horticoles au moment où celles-ci étaient plutôt confrontées aux retraits successifs des substances actives, aux apparitions d'impasses chimiques, aux nouveaux ravageurs émergents... : des préoccupations qui ne sont pas indépendantes et surtout pas incompatibles

2. DEPHY FERME : ADAPTATION AUX CONTRAINTES DE L'ENTREPRISE

Pour la filière horticole, on compte 8 réseaux « Ferme » (voir encadré). Chaque ingénieur réseau, membre d'une unité régionale d'Astredhor, est en charge d'un groupe constitué de 10 à 15 entreprises. Il a pour objectif de faire évoluer les pratiques de protection des plantes de son groupe à leur rythme, en prenant en compte leurs contraintes et en initiant une dynamique de structure : les unités performantes progressent dans l'adoption de bonnes pratiques d'usages et entraînent les autres par synergie.

Pour toutes les sociétés, un programme d'actions annuel conçu par le chef d'entreprise et l'ingénieur réseau est déterminé : mise à plat des multiples pratiques (techniques, économiques et sociales), compréhension du fonctionnement et des différentes contraintes... Ensemble, ils formalisent le schéma décisionnel, discuté et corrigé annuellement suivant les exigences et les avancées de chaque entreprise. De fait, la réduction de l'IFT n'est finalement que la résultante de la stratégie globale de l'établissement et ne constitue pas la pierre angulaire du travail engagé.

3. DES BONNES PRATIQUES AUX MÉTHODES INNOVANTES

L'efficience, la substitution et la reconception (ESR) des systèmes de cultures dans le cadre strict des contraintes de chaque entreprise permettent à celle-ci de progresser non seulement dans la limitation de l'utilisation des produits phytopharmaceutiques, mais aussi et surtout de faire avancer d'un pas les exploitations horticoles vers la durabilité des systèmes. En cela, toutes les initiatives engagées par la filière peuvent entrer en synergie pour répondre aux attentes environnementales et sociétales. Plante Bleue, MPS, le réseau d'épidémio-surveillance, ou le « Réseau d'entreprises pilotes et coûts de production » sont autant d'outils et de moyens pouvant être conjugués pour atteindre l'objectif de performance des établissements.

L'engagement dans le réseau Dephy Ferme peut être pour certaines entreprises un moyen d'amplifier le travail initié depuis déjà quelques années. La lutte biologique intégrée, la réduction des prélèvements des eaux, le recyclage des eaux d'arrosage, la récupération des eaux de toiture, la gestion différenciée des espaces, la végétalisation des inter-rangs, la fertilisation avec des engrais enrobés et organiques, le fleurissement des abords pour favoriser les auxiliaires, le broyage et le compostage des déchets ou encore la phytoépuration sont des pratiques de plus en plus répandues. L'ingénieur réseau repère ces bonnes pratiques, les transmet et les diffuse à l'ensemble de son réseau tout en cherchant à les adapter au contexte de chaque société.

Dephy Expé vise, par différents programmes de recherche appliquée, à mettre au point des innovations au sein des stations d'expérimentation d'Astredhor et à tester des méthodes en totale rupture avec les pratiques horticoles dites « habituelles ».

4. RÉSEAUX COMPLÉMENTAIRES : UN ATOUT POUR L'AVENIR

La complémentarité des réseaux Ferme et Expé permet de franchir des étapes importantes dans la mise en place de méthodes innovantes. Un nouvel appel à projets sur le volet de l'expérimentation a été lancé à la fin du mois d'avril 2017. Il s'agit de lever les points de blocage de la filière et de définir de nouvelles méthodes à tester à travers la mise en place d'expérimentations.

En tant que réseau de terrain au contact des entreprises, Dephy Ferme est fortement impliqué dans l'élaboration des programmes d'essais et le sera encore davantage dans la construction de la deuxième vague des programmes de Dephy Expé. Cette collaboration est fructueuse pour les deux réseaux : Dephy Ferme se nourrit des progrès de l'expérimentation, diffuse et généralise très rapidement les méthodes innovantes, tandis que Dephy Expé « colle » au plus près des préoccupations de la filière. Raison pour laquelle le programme encourage la création de plus de réseaux Ferme... car la filière horticole est l'une des plus innovantes et créatives en matière d'itinéraires, de techniques et d'outils !

Ardavan Soleymani (3)

(1) Données CAN (Cellule d'animation nationale Dephy). (2) Hortipépi, Hortipot, Hortiflor et Otelho. (3) Directeur d'Astredhor Est, expert filière à la cellule d'animation nationale Dephy.

L'utilisation de mulch dans les pots fait partie des bonnes pratiques permettant de limiter le désherbage.

PHOTO : ASTREDHOR

Ce chariot d'arrosage est équipé de bandes jaunes collantes qui permettent de diminuer la pression des ravageurs sur les cultures.

PHOTO : ASTREDHOR

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